Les 16-17 juin 2015, l’ACAF a été l’hôtesse du sommet sur le financement de la démocratie, une activité de portée internationale d’une durée de deux jours regroupant des chefs de file mondiaux de l’industrie, du gouvernement, de l’éducation et des ONG afin de se pencher sur les enjeux en matière de fiscalité, de corruption et de commerce et d’élaborer des pistes de solution à ces problèmes mondiaux. Voici un résumé du sommet sur le financement de la démocratie.

Les panelistes du sommet sur le financement de la démocratie se penchent sur la grande et la petite corruption à l’échelle nationale et internationale

Le modérateur Jürgen Buxbaum, de l’Internationale des Services Publics, a lancé le dernier débat du sommet en exposant une idée fausse commune de la corruption : qu’il s’agit simplement de pots-de-vin ou de paiements illégaux. Il a souligné que plusieurs activités tombant nettement sous le coup de la loi peuvent facilement être considérées comme de la corruption, par exemple, le lobbying, le réseautage personnel et le financement des partis politiques.

Les panelistes du sommet sur le financement de la démocratie se sont penchés sur la petite et la grande corruption. Peter Dent, président de Transparency International Canada, a d’abord souligné l’importance de bien comprendre toutes les incidences culturelles de la corruption. Même si la lutte se fait à tous les niveaux, a-t-il déclaré, on ne saurait l’éliminer complètement sans reconnaître la réalité de la corruption dans la vie de tous les jours. Les programmes de conformité qui ciblent la corruption en milieu de travail ne s’appliquent pas à la corruption au foyer.

Le Sgt Patrice Poitevin a adopté une démarche d’approche similaire en exposant la manière de lutter contre la corruption, déclarant que si la petite corruption reste impunie, comment pourrait-on justifier que la grande corruption soit inacceptable? Le manque de pouvoir moral au sein d’un organisme crée un vide qui permet à la corruption à grande échelle, comme le crime organisé, de survivre et de prospérer.

Akaash Maharaj était plutôt d’avis contraire sur la petite corruption par rapport à la grande corruption. Quoique la corruption se produise dans toutes les couches de la société et que, de ce fait, il faille lutter contre elle à tous les niveaux, a-t-il déclaré, la grande corruption exige une attention particulière car ses conséquences sont si graves qu’elles constituent « un affront à la décence humaine ». Selon M. Maharaj, la lutte contre la corruption doit débuter par du leadership et la création d’une culture qui rejette la corruption et qui peut exposer les kleptocrates comme étant des êtres fragiles que l’on peut renverser du jour au lendemain, plutôt que des maîtres invincibles soustraits aux conséquences de la corruption.

Kady Seguin, directrice intérimaire de Publiez Ce Que Vous Payez, a parlé de l’importance de l’ouverture et de la divulgation des paiements effectués par les grandes sociétés exploitantes de ressources naturelles aux gouvernements et vice versa. Cette déclaration, a déclaré Mme Seguin, permettrait aux citoyens de rester au fait de la gestion des ressources de propriété collective. Elle a souligné l’importance de lutter contre la corruption au niveau le plus élevé et de garantir que les ressources naturelles bénéficient aux citoyens à qui elles appartiennent.

Également du point de vue de l’industrie privatisée, Rebecca Suazo a fait état des difficultés qui se posent pour éliminer la corruption dans le secteur privé. En prenant comme exemple la récente privatisation du système carcéral et la qualité de vie à la baisse pour les détenus dans son pays natal, le Bélize, Mme Suazo a insisté sur l’importance que le Canada et les autres leaders mondiaux se dotent des outils et de l’information voulus pour lutter contre la corruption.

Le secrétaire général de l’Association of Staff of Supervisory Bodies, Hugo Quintana, a clos le panel en soulignant l’importance de sommets comme celui sur le financement de la démocratie pour amorcer le changement requis pour lutter contre la corruption. Un premier pas important dans ce sens consisterait à partager les expériences et à prendre conscience de la dynamique du pouvoir asymétrique qu’il faut surmonter pour favoriser les valeurs démocratiques. M. Quintana a également insisté sur l’importance du contrôle dans la lutte contre la corruption, plus particulièrement l’avantage d’un contrôle financier rigoureux pour garantir qu’il n’y pas de mésusage de fonds.