Confrontation avec la réalité : les négociations collectives, les congés de maladie et le projet de loi C-59
Depuis toujours, l’ACAF évite de donner des détails sur ce qui se passe à la table de négociation sur la place publique. Nous faisons fortement confiance au processus de négociation collective; les normes professionnelles de la communauté que nous représentons exigent une démarche d’approche professionnelle en matière de négociation.
Cependant, de récents commentaires formulés par le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, viennent discréditer la manière dont nous représentons la communauté FI à la table de négociation. Avancer, comme il l’a fait dans l’Ottawa Citizen du 11 mai, que nous sommes « obstructionnistes » et que nous nous livrons à des « manœuvres d’obstruction » à la table sous-entend que nous ne représentons pas notre communauté de bonne foi.
Or, rien n’est plus faux.
L’ACAF et la communauté FI n’ont jamais demandé plus que ce que nous savons être juste – juste pour les professionnels des finances de la fonction publique et juste pour la population du Canada que nous servons avec tant de fierté.
Comme les membres des autres syndicats, notre communauté refuse de faire des concessions concernant les congés de maladie qui auraient pour résultat des soins de qualité inférieure. L’ACAF est tout à fait solidaire de ses syndicats partenaires à cet égard et elle respecte leurs positions à la table. Nous n’accepterons pas de modifier l’entente actuelle – une entente négociée équitablement avec l’employeur conformément au droit d’association et de négocier collectivement que nous confère la Charte – à moins qu’il ne soit possible de négocier une meilleure entente par voie de négociations collectives justes et égales et qu’elle ne soit ratifiée par la communauté que nous représentons.
L’employeur nous a présenté un régime d’invalidité de courte durée qui tombe à court de toute mesure objective de ce qui est adéquat pour des effectifs professionnels. Nous parlons en connaissance de cause parce que nous avons présenté des régimes d’invalidité de courte durée justes à la table de négociation lors de chacune des deux dernières rondes de négociations. Chaque fois, on nous a dit que l’employeur n’était pas intéressé à en discuter.
Cette fois-ci, nous avons présenté à l’employeur une solution alternative reposant sur un régime qui existe depuis 10 ans et qui s’est traduit par une réduction de l’absentéisme et une hausse de la qualité des soins. Sa réaction initiale à cet effort? Un rejet pur et simple, en invoquant qu’il s’agit d’un régime « trop riche » qui a été adopté « par un monopole du secteur privé ».
Nullement découragée, et de bonne foi, l’ACAF a pris des dispositions pour inviter deux représentants patronaux du secteur privé, de même qu’un expert de niveau élevé et extrêmement aguerri du secteur des assurances, pour illustrer à quoi ressemble une alternative raisonnable et juste. La moitié de l’équipe complète des négociateurs du Conseil du Trésor a assisté à cette séance, à peine deux jours avant le dépôt de la Loi d’exécution du budget.
De toute évidence, il ne s’agit pas là d’obstructionnisme ou de manœuvres d’obstruction, et l’employeur le sait fort bien.
L’employeur a, de fait, bonifié très légèrement son offre initiale très basse, et nous sommes convaincus qu’il a l’intention de faire de même à plusieurs autres reprises afin de donner l’impression qu’il fait des concessions. La réalité, toutefois, c’est que son modèle est si loin de la norme de l’industrie et de ce qui est vraiment juste que toute bonification progressive ne servira qu’à faire passer l’offre de lamentable à terrible, mais toujours injuste.
Nous allons continuer à déployer tous les efforts voulus à la table, même si notre propre gouvernement mine constamment nos droits constitutionnels, et nous avons offert des dates de négociation en juin et en août à cette fin. Et nous l’avons fait malgré un partenaire de négociation éclairé par l’idéologie plutôt que par le bon sens; et un gouvernement qui, au mieux, n’a pas été informé des progrès marqués à notre table et, qui, au pire, ne tient pas compte de ces progrès pour faire des déclarations trompeuses et à motivation politique aux Canadiens et aux Canadiennes dans la presse.
Nous envisageons aussi la possibilité d’une contestation constitutionnelle, d’une plainte de pratique déloyale de travail et d’une plainte auprès de l’Organisation internationale du Travail. Parallèlement, nous prenons au sérieux notre responsabilité de négocier et nous continuerons à le faire.
Nous sommes très fiers de représenter la communauté FI avec professionnalisme. Notre communauté, pour sa part, tire grande fierté de son professionnalisme et de son engagement au service des Canadiens et des Canadiennes. Le ministre Clement a déclaré au Citizen qu’il serait « ravi de s’asseoir avec eux pour en parler et trouver une solution mutuellement acceptable ».
Ministre Clement, à vous de fixer la date – nous vous présenterons les régimes du secteur privé qui ont fait leurs preuves.
Milt Isaacs, CPA, CMA, CPFA
Président, Association canadienne des agents financiers