On m’a récemment demandé ce que l’avenir réserve aux fonctionnaires, à présent que nous avons un gouvernement majoritaire accusé d’être antisyndicaliste. La réponse, c’est que je nage dans l’incertitude. Le monde a rapetissé, comme en fait foi la manière dont la situation en Europe a influé sur les mentalités et semé la crainte dans les marchés financiers et au sein des gouvernements partout dans le monde.

À cause d’une preté au gain sans retenue, d’un manque flagrant de surveillance et de l’hypothèse naïve que les marchés sont capables de s’autoréglementer, nous nous trouvons actuellement dans une mauvaise conjoncture économique.

Lorsque nous laissons les industries s’autoréglementer, nous en sommes tous victimes. Les fonctionnaires jouent un rôle crucial pour ce qui est de veiller à ce que ceux qui s’enrichissent en faisant affaires avec les secteurs privé et public respectent les règlements élaborés dans un cadre qui permet à l’industrie de prospérer tout en restant obligée de rendre des comptes.

Tous les gouvernements, nationaux comme étrangers, doivent s’assurer que la surveillance ne devienne pas une question secondaire. Lorsqu’on adopte des lois qui favorisent de rares privilégiés et qu’on leur permet de faire fi des règles, les gens laissent libre cours à leurs émotions et passent de la perte de confiance à l’agitation civile. Aucun gouvernement ne peut se permettre d’être arrogant dans un tel cas.

Nous sommes au bord du précipice de l’agitation ouvrière partout dans le monde. Le fossé entre les « nantis » et les « démunis » s’élargit à un rythme record. Nous sommes témoins d’une chute vertigineuse des normes qui avaient été établies afin de protéger les citoyens.

Nos dirigeants considèrent le coût des pensions de retraite et autres avantages sociaux comme des attentes  démesurées. Pourtant, je n’ai entendu personne faire remarquer que les sommes perdues dans l’effondrement des marchés financiers et versées en renflouement des entreprises auraient permis de soutenir les pensions et les avantages sociaux pendant des générations. Est-il juste pour les citoyens de s’attendre à moins quand nous voyons les responsables de ce bourbier continuer à s’enrichir à un rythme sans précédent?

La récente récession économique a incité les employeurs des secteurs privé et public à réexaminer les droits et les avantages sociaux antérieurement négociés pour les travailleurs. Il en est résulté une remise en question de l’importance et du rôle des syndicats. L’ACAF a publié un rapport spécial sur cette question, intitulé : Actif ou passif? Étude de rentabilisation des syndicats canadiens au XXe siècle.

Le rapport établit la valeur des organisations de travailleurs en examinant les incidences de la syndicalisation sur divers facteurs, notamment la productivité des employés, la rémunération des travailleurs et des cadres de direction, les salaires et les avantages sociaux, la sécurité et les niveaux de vie.

Selon nous, la prospérité des Canadiens et des Canadiennes repose sur l’établissement d’un équilibre entre trois nécessités : les bénéfices des entreprises, la rémunération des employés et le mieux-être social. À moyen de changer nos priorités, nous devrons choisir entre faire payer les citoyens davantage, réduire les services essentiels ou hypothéquer l’avenir de nos enfants par une dette insoutenable.

 

Milt Isaacs, CMA, CPFA

Président, Association canadienne des agents financiers

 

12/10/2011