Le financement de la démocratie : le programme d’austérité
Depuis six ans, les gouvernements partout dans le monde réagissent à la récession économique mondiale en mettant l’accent sur des budgets équilibrés dans lesquels « équilibre », sous prétexte d’un programme d’austérité, signifie presque exclusivement « compressions ». Dans ces compressions, nous pouvons constater l’effet des politiques économiques de retombées.
Le programme d’austérité actuel est simplement la plus récente permutation des croyances qui caractérisent la politique économique du Canada depuis les années 1980. Les politiques économiques de retombées reposent sur la croyance selon laquelle l’accent que les petits gouvernements mettent sur l’investissement dans les grandes sociétés entraînera un taux d’emploi plus élevé et une économie plus solide dans son ensemble. La théorie, c’est que les taux d’imposition des sociétés peu élevés et le maintien des taux élevés des bénéfices des sociétés auront littéralement des retombées sous la forme de création d’emplois et d’investissement dans l’économie.
Or, c’est manifestement faux. Au lieu d’investir leur argent dans des emplois, les sociétés l’engrangent dans d’énormes réserves de capital; une étude canadienne a révélé que la réduction des impôts des sociétés depuis l’an 2000 ne s’est pas traduite par une hausse des emplois, mais par une augmentation de 20 % des dividendes versés aux dirigeants et aux actionnaires.
Dans l’intervalle, les Canadiens ressentent le pincement des mesures d’austérité qui ont entraîné non seulement des pertes d’emplois dans une économie déjà précaire, mais également d’importantes réductions de la qualité des services publics destinés à protéger et à soutenir les Canadiens, par exemple, des compressions budgétaires de 25 % aux Anciens combattants et de 22 % à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (seulement anglais).
Selon des travaux de recherche récents du Centre canadien de politiques alternatives, la dette du gouvernement diminue peut-être – grâce aux compressions dans les services publics – mais celle du ménage canadien moyen augmente. Ces mesures d’austérité coûtent effectivement cher; le problème, c’est que ce sont les Canadiens et les Canadiennes qui en assument le fardeau.
Les bénéfices n’ont pas de retombées.
Pour comble, les mesures d’austérité ne fonctionnent tout simplement pas. Selon un rapport de l’Internationale des Services Publics (seulement anglais), les mesures d’austérité entraînent une contraction économique, pas une croissance. En outre, toutes les grandes périodes de croissance économique s’accompagnent depuis toujours de périodes de dépenses publiques supérieures au PNB du pays. Des travaux de recherche du Fonds monétaire international (FMI) (seulement anglais) appuient la conclusion voulant que les mesures d’austérité soient effectivement préjudiciables à l’économie du pays.
De toute évidence, le programme d’austérité et la politique économique de retombées qui l’a précédé ne fonctionnent pas. Ils sont inefficaces et préjudiciables aux Canadiens et aux Canadiennes, à court comme à moyen terme. Nous avons besoin d’une alternative. Nous avons besoin de solutions meilleures.
C’est en vue de trouver une solution que l’ACAF organise le sommet « Le financement de la démocratie ». Nous sommes conscients que le programme d’austérité ne se limite pas au Canada; il s’inscrit plutôt dans le cadre d’un mouvement plus grand, international, dont les effets se font sentir à l’échelle mondiale. C’est pourquoi « Le financement de la démocratie » regroupera des décideurs, des conférenciers de renom et des représentants d’organisations et d’associations de partout dans le monde pour discuter de solutions de rechange pratiques, équitables, au programme d’austérité international.
En prévision du sommet « Le financement de la démocratie », l’ACAF amorcera avec vous, au cours des prochaines semaines, un dialogue sur divers sujets, notamment :
- la fiscalité équitable
- les tendances internationales du droit en matière de services publics
- la lutte contre la corruption et la protection des dénonciateurs
- les accords commerciaux internationaux
En notre qualité de gestionnaires financiers et de fonctionnaires, nous estimons que la communauté FI jouit d’une position unique pour contribuer et participer à la création de solutions internationales inédites.
Nous avons pour objectif de continuer à partager notre orientation et notre vision pour l’avenir et d’amorcer avec vous des dialogues sur d’importants enjeux nationaux et internationaux qui influent sur la communauté FI et tous les Canadiens et les Canadiennes.
Au plaisir de vous y voir!
Milt Isaacs, CPA, CMA, CPFA
Président, Association canadienne des agents financiers