Le harcèlement dans la fonction publique
Plus tôt cette semaine, le Ottawa Citizen a publié un article faisant état des déclarations du président du Conseil du Trésor, Tony Clement, concernant sa politique de « tolérance zéro » en matière de harcèlement dans la fonction publique. Nous, à l’ACAF, sommes soulagés d’apprendre que le gouvernement vient de décider de faire une priorité de la prévention du harcèlement des fonctionnaires, mais nous sommes troublés par les déclarations trompeuses et mal informées que M. Clement a faites au sujet des obstacles qui se dressent devant les fonctionnaires qui se plaignent de harcèlement.
M. Clement a critiqué les syndicats pour les « longs processus d’appel… [qui] n’aident pas les victimes ». L’article donne à entendre que M. Clement blâme les processus d’appel des syndicats qui prennent le parti du harceleur ou de la harceleuse et qui empêchent les victimes de harcèlement sexuel de se faire connaître.
L’ACAF est profondément touchée par ces allégations; la santé et la sécurité de nos membres revêtent une importance primordiale pour nous. Ces allégations sont préjudiciables parce qu’elles obscurcissent les véritables raisons pour lesquelles les fonctionnaires ne présentent pas de plaintes de harcèlement et, ce faisant, elles rendent plus difficile la tâche de trouver des solutions à ces problèmes.
Le processus de traitement des plaintes de harcèlement dans la fonction publique est d’ordre interne au sein des ministères; c’est donc dire que le décideur ou la décideuse ultime est habituellement le gestionnaire ou la gestionnaire de l’employé ou de l’employée qui, souvent, ne possède aucune expérience en matière de harcèlement. Il n’y a pas de surveillance par une tierce partie pour garantir un résultat impartial. Contrairement aux prétentions de M. Clement, c’est le manque de confiance dans ce système qui constitue le principal obstacle empêchant les fonctionnaires de présenter des plaintes de harcèlement.
L’ACAF est consciente depuis longtemps qu’il s’agit là d’un problème, et c’est pourquoi nous nous battons depuis plus de 10 ans pour que la protection contre toutes les formes de harcèlement – pas uniquement d’ordre sexuel – soit incluse dans la convention collective de nos membres. Nous avons proposé la nomination d’une tierce partie qui trancherait les cas de harcèlement, ce qui accroîtrait la transparence et la responsabilité. Une telle disposition n’aurait rien d’inusité car plusieurs groupes du secteur privé possèdent déjà des dispositions similaires dans leurs propres conventions collectives.
L’article du Citizen fait aussi mention de la politique actualisée contre le harcèlement que le Conseil du Trésor a adoptée en 2012; il y a lieu de noter que tout au cours du processus d’actualisation de cette politique, l’ACAF a constamment préconisé la révision par une tierce partie, suggestion que l’employeur a rejetée.
Le harcèlement sous toutes ses formes est malheureusement à la hausse dans la fonction publique à cause du faible moral, du piètre leadership, des hausses de la charge de travail, de l’austérité, des compressions du gouvernement et d’une attitude négative envers les fonctionnaires qui émane du leadership.
L’ACAF espère que le nouvel accent que le gouvernement place sur la prévention du harcèlement l’amènera à se pencher sur ces causes de harcèlement et à se montrer réceptif à la rétroaction des groupes représentant les fonctionnaires qu’il cherche à protéger.