Un autre été s’achève, les familles s’activent aux préparatifs de la rentrée scolaire, et on peut alors facilement perdre de vue la vraie raison d’être de la fête du Travail. Cette année plus que jamais encore, il est important pour l’ACAF de réfléchir à l’évolution de son rôle dans le secteur du travail en général.

Au cours des derniers mois et des dernières années, l’ACAF a noué des liens avec des groupes d’intérêts communs au sein du mouvement ouvrier tant au pays qu’à l’étranger, des groupes avec lesquels nous avons collaboré à des enjeux de grande importance pour les Canadiens et les Canadiennes et, de fait, pour la population mondiale. Des problèmes comme la décomposition de la classe moyenne, le fossé croissant entre les riches et les pauvres et l’érosion des droits des travailleurs et des travailleuses nous touchent tous et toutes. Nous avons vraiment trouvé notre voix sur la scène mondiale, ces derniers mois, et le bon travail et la solide réputation de la communauté FI nous donnent la crédibilité voulue pour nous exprimer sur ces enjeux.

En établissant ces relations, je me suis clairement rendu compte que l’ACAF a effectivement un rôle à jouer dans le mouvement en général. Outre la crédibilité dans nos propos, nous pouvons aussi en bénéficier comme communauté. Le renforcement de cette crédibilité et de ce sentiment d’appartenance internationale devient de plus en plus important au moment où, ici au Canada, les fonctionnaires et leurs représentants se buttent à des attaques à la veille de la plus exigeante ronde de négociations collectives que nous n’ayons jamais connue.

À travers l’histoire, nous avons réussi à entretenir de saines relations avec le Conseil du Trésor, fondées sur l’esprit de collaboration et le respect mutuel pour le professionnalisme de toutes les parties en cause. Nous sommes parvenus dans une large mesure à éviter la rhétorique et les mesquineries qui caractérisent souvent les relations patronales-syndicales parce que nous avons su convaincre un gouvernement disposé à tendre l’oreille de la valeur de la communauté FI.

Nous n’aimerions rien de mieux que de poursuivre notre tradition de collaboration, mais, pour ce faire, l’engagement des deux parties est indispensable. C’est un engagement que nous ne pouvons plus escompter. Cette fois-ci, les dés sont pipés contre nous avant même que nous n’ayons pu entamer des discussions : une loi draconienne visant à affaiblir notre capacité de vous représenter; des campagnes de désinformation concernant le régime de congés de maladie, destinées à vilipender les fonctionnaires dans les médias; et le traitement de projets de stratégies de « mieux-être » comme étant un fait accompli avant même que nous ne nous soyons assis pour en discuter.

Ces mesures ont toutes été prises dans le cadre d’un soi-disant programme d’austérité, lui-même partie de la croissance généralisée du capitalisme sauvage et de la corruption; c’est pourquoi nous nous sommes affiliés à nos partenaires internationaux pour lutter contre ces deux fléaux. L’élimination des échappatoires fiscales et des pratiques de délocalisation ne servira pas uniquement à combattre l’inégalité de la richesse, mais elle permettra aussi au gouvernement fédéral de percevoir des recettes fiscales qui lui sont dues. Plus d’argent dans les coffres de l’État, c’est aussi plus d’argent pour les services publics – des services dont notre population vieillissante a désespérément besoin.

Ainsi, à l’occasion de la fin de l’été et du début d’une autre année scolaire, je vous invite à vous joindre à moi dans mes réflexions sur l’importance de défendre les services publics comme partie intégrante du mouvement ouvrier en général. Nous avons constaté à maintes et maintes reprises que, lorsque le mouvement ouvrier est affaibli, il en va ensuite de même des services publics. Et lorsque les services publics passent au second plan après les intérêts des sociétés, tout le monde en sort perdant.

L’ACAF a constitué des partenariats avec des organisations aux vues similaires partout dans le monde parce que nous avons constaté le bien qui peut en résulter lorsque nous travaillons ensemble à protéger les valeurs que, nous le savons, les Canadiens et les Canadiennes ont à cœur. La route qui nous attend se révélera parfois difficile, mais, en nous tenant debout ensemble et en nous soutenant les uns les autres, la communauté FI et, de fait, la population dans son ensemble en bénéficieront.

 

Milt Isaacs, CPA, CMA, CPFA
Président, Association canadienne des agents financiers