Selon le président de l'ACAF, Milt Isaacs, les bureaucrates sont les « boucs émissaires » dans le redressement budgétaire
Le gouvernement fédéral déposera le Budget 2010-2011 le 4 mars. On peut dire sans risque de se tromper que le budget a déjà été finalisé et que, bien que le gouvernement poursuive ses mesures de stimulation économique, il imposera probablement des restrictions de dépenses.
Nous convenons qu’il soit important de bien gérer les fonds publics. C’est pourquoi nous estimons qu’il faut mettre en œuvre des réductions stratégiques et de meilleures politiques. Le problème, c’est que les gouvernements sont davantage intéressés par des solutions à court terme destinées à les faire élire que par la planification financière à long terme.
Il n’en reste pas moins que d’autres récessions et ralentissements économiques se produiront dans l’avenir. En période de ralentissement, les gouvernements dépensent afin de stimuler l’économie, puis ils économisent en période de prospérité de manière à équilibrer leurs livres et à réduire la dette. Il s’agit là d’un processus normal.
Certains partis politiques ont tendance à trouver des « boucs émissaires » pour susciter et cibler la colère de la population et justifier certaines de leurs politiques. Il est plus facile de faire une montagne d’une taupinière que de régler des problèmes.
Il semble que les fonctionnaires soient appelés à devenir les « boucs émissaires ». L’année dernière, le gouvernement les a privés de leur droit de négocier et les a obligés à accepter des augmentations salariales minimes. Le gouvernement a bafoué les droits fondamentaux de la personne lorsqu’il a réduit le programme de parité salariale.
En 2010, on qualifie de « trop coûteux » le régime de pensions de retraite de la fonction publique. Il est intéressant de noter que le gouvernement a jugé qu’il était suffisamment solide dans les années 1990 pour lui permettre de « s’accaparer » de l’excédent (plus de 33 milliards de dollars) et de s’autoriser un congé de contributions.
Puis, pour vraiment susciter la colère des gens, il a fait circuler des rapports concernant l’utilisation de bons de taxi et les stationnements payés pour les bureaucrates.
Nous convenons qu’il faut mettre fin aux abus. Cependant, la course en taxi de 20 $ du bureaucrate qui se rend rencontrer divers intervenants ne constitue pas de l’abus, pas plus que le fait que le gouvernement fournisse (à coût modique) le stationnement à ses employés dans un édifice qu’il possède ou loue de plein droit. Nous devrions probablement, toutefois, examiner de près les millions de dollars que les ministres dépensent chaque année en frais de déplacement, le recours à grande échelle aux avions à réaction militaires ou même les cinq millions de dollars consacrés à la rénovation du cabinet d’un ministre.
Regardons la situation dans son ensemble.
Lorsque le gouvernement annonce un nouveau programme de dépenses et décide de le mettre en œuvre rapidement sans la diligence requise, on gaspille ainsi des millions de dollars. Qu’on songe, par exemple, au registre de contrôle des armes à feu et au projet de Voie de communication protégée. La vérificatrice générale ne cesse d’exposer ses préoccupations au sujet de ces programmes. Le gouvernement n’en a cure.
En notre qualité de bureaucrates, nous ne pouvons que conseiller les dirigeants élus. Ce sont les politiques qui prennent les décisions. C’est ça, la démocratie. Et j’y souscris.
Cependant, soyons honnêtes lorsque nous présentons les faits et les chiffres. Le moment était-il propice pour baisser la TPS et réduire ainsi les recettes de l’État de dizaines de milliards de dollars alors que le cycle économique naturel donnait des indices que nous serions d’ici peu aux prises avec un ralentissement?